Ce 26 janvier 2014 marquera une nouvelle date importante dans l’histoire du pays. La Constitution a été votée tard dans la soirée avec 149 voix pour, 24 abstentions et 20 contre, et ce après plus de deux ans de débat.
Initialement publié sur Tunisie Bondy Blog http://tunisiebb.com/constitution-tunisienne-un-combat-pour-la-dignite/
Un texte qui reste « à mettre en pratique » indique RSF dans un communiqué qui salue en même temps les « avancées majeures » reconnues sur la scène internationale. La Tunisie est perçue comme un exemple et c’est bien une première dans un monde arabe qui peine à se démocratiser, où pour la première fois un peuple prend en main son destin et mène jusqu’à son terme le processus de transition politique. Un signe encourageant pour les pays qui ont connu des soulèvements faisant chuter par la même des régimes autocratiques, issus d’un autre temps.
Mais c’est également une menace pour les gouvernements arabes qui n’ont pas vacillé face à ce tremblement de terre populaire. Sans doute que la Tunisie sera le seul Etat arabe dont le représentant au sein de la Conférence de la Ligue Arabe aura une légitimité populaire, contrairement à tous les autres.
Au sein du triptyque de valeurs qui prévalait depuis la Constitution de 1959, “Liberté, Ordre et Justice”, s’ajoute désormais la notion de “Dignité”. Et l’enjeu est de taille car c’est bien au nom de ce principe que les villes du sud se sont révoltées, en 2008 déjà, puis en 2010.
Car si pour certains la révolution n’a duré qu’un mois (17 décembre 2010 – 14 Janvier 2011), pour d’autres elle ne connaîtra son achèvement que par le développement dans les régions intérieures et l’égalité des territoires.
Car si les bouleversements politiques n’ont pas fait basculer le pays dans le chaos, après deux assassinats politiques et une série d’attaques meurtrières contre des représentants des forces de l’ordre, des défis de taille sont en jeu. Les trois-quarts du pays doivent être modernisés. Et là encore tout reste à faire.
A l’instar de Gafsa, la région la plus polluée du pays. Combien de temps encore, les centaines de millier d’habitants de la région se laveront et cuisineront ils avec une eau polluée au phosphate? Ou encore la région centre ouest du pays (Kasserine, Thala, le Kef) sans doute la plus froide du pays, où le gaz naturel qui provient d’Algérie ne fait que passer par ces territoires sans s’arrêter.
Quelle place auront les habitants à l’échelle locale dans le processus décisionnel? Se fera-t-il sous la forme du débat participatif ? Du référendum local ou alors les décisions seront-elles prises unilatéralement ?
Car il n’y a pas de dignité sans justice sociale, la participation citoyenne doit être placée au centre. Loin d’être pessimiste, c’est en étant force de proposition que l’on peut envisager l’avenir, qui s’annonce encourageant, à regarder de plus près le chemin parcouru jusqu’à présent.